Contexte
Après une absence remarquée au dernier Mondial, aux Etats-Unis, l’équipe de France part à la conquête de l’Euro 1996, qui doit avoir lieu en Angleterre, terre fondatrice du football. Avant cela, la France doit passer par une phase éliminatoire. Le tirage au sort lui a attribué le groupe 1 avec la Roumanie (quart de finaliste du Mondial 94), la Slovaquie, la Pologne, l’Israel et l’Azerbaidjan.
Tous les premiers de chaque groupe sont directement qualifiés pour la phase finale de l’Euro 1996. Un classement de tous les seconds de groupe est réalisé et les 6 meilleurs seconds participeront à la phase finale. Les deux moins bons seconds devront s’affronter en match unique de barrage, sur terrain neutre.
En pleine reconstruction, l’équipe de France d’Aimé Jacquet, successeur de Gérard Houiller, débute mal sa campagne de qualification en alignant une série de 3 matchs nuls sur un score nul et vierge contre la Slovaquie (à l’extérieur), la Roumanie (à domicile) et la Pologne (à l’extérieur). Les Bleus se reprennent difficilement en Azerbaidjan. Malgré un terrain à la limite du praticable, l’équipe de France s’impose sur le score de deux buts à zéro. Cette victoire permet de se relancer timidement dans la course à la qualification en revenant à deux longueurs de la Roumanie.
La phase qualificative reprend en mars 1995, en Israel. Il ne faut plus trainer en route si les Bleus veulent garder le bon wagon qui va les emmener à l’Euro 1996. Malheureusement, la France concède un nouveau match nul (0-0) et laisse la Roumanie, victorieuse contre la Pologne (2-1), prendre 4 points d’avance. Derrière la Slovaquie, grâce à sa victoire sur l’Azerbaidjan (4-1) revient à la charge et talonne les Bleus de 2 points seulement. France-Slovaquie est justement l’affiche de la rencontre suivante. Une victoire permettrait aux hommes d’Aimé Jacquet de souffler et mettre les Slovaques à 5 points. Un match nul n’arrangerait personne. Une victoire slovaque réduirait sérieusement les chances de qualification française. Les Bleus vont maitriser la rencontre du début à la fin et infliger une lourde défaite à la Slovaquie (4-0). Ce résultat donne de l’air aux joueurs français mais la qualification est loin d’être acquise puisque les Roumains poursuivent sur leur lancée en allant gagner en Azerbaidjan (1-4). L’équipe de France se rend, en août 1995, en Pologne pour confirmer son bon résultat contre la Slovaquie. Les Polonais sont quasiment hors course pour la qualification mais joue tout de même le jeu et oblige les français a concédé un nouveau match nul (1-1). En juin 1995, les Roumains ont battu Israel sur le score de deux buts à un ce qui fait que son avance est de 6 points. Il va donc falloir battre la Roumanie, en Roumanie pour avoir une chance de se qualifier directement. Auparavant, les Bleus vont s’offrir une véritable promenade de santé en battant la modeste équipe d’Azerbaidjan sur le score de 10-0. Ce score est, à ce jour, la victoire la plus large de toute l’histoire de l’équipe de France. Pendant ce temps là , la Roumanie est allée perdre deux points précieux en Pologne en concédant un match nul sur le score de 0-0. L’écart entre la France et la Roumanie se réduit à 4 points. Une victoire contre la Roumanie, en Roumanie, relancerait totalement le suspense dans ce groupe 1.
Le match
Cependant, les Bleus ne partent pas du tout favori dans ce match. L’équipe de France ne semble pas être au niveau face à la bonne équipe de Roumanie qui, je le rappelle, a atteint les quarts de finale de la dernière Coupe du Monde, aux Etats-Unis. Beaucoup d’interrogations planent sur ce match : l’équipe de France a-t-elle suffisamment les reins solides pour battre la Roumanie sur son terrain ? Pour beaucoup, bien évidemment que non. Et pourtant, en ce 11 octobre 1995, les Bleus vont sortir l’un des plus grands matchs de son histoire. Pour beaucoup de joueurs, le groupe 1998 s’est formé ce jour là et, même après plusieurs années, on ne peut pas nier le contraire.
Malgré un accueil très hostile (la Marseillaise a été conspuée par les spectateurs présents au stade), l’équipe de France va réussir à faire abstraction de cette ambiance et sortir un match d’anthologie. Juste avant la fin de la 1ère demi-heure de jeu, suite à un centre de Zidane, le ballon atterrit sur la poitrine de Karembeu et semble lui échapper. Du bout du pied, Karembeu réussit à pousser le cuir au fond des filets. Les Bleus mènent un à zéro et revient, virtuellement, à un point de la Roumanie. Juste avant la mi-temps, suite à une percée de Desailly, ce dernier donne le ballon à Vincent Guérin qui centre à destination de Dugarry. Aux abords de la surface, Dugarry décoche une frappe bien cadrée. Stelea ne fait que repousser le ballon. Youri Djorkaeff, en renard des surfaces, pousse le ballon au fond des filets et permet aux Bleus de mener deux buts à zéro. Sept minutes après le retour des vestiaires, sur un bon ballon en profondeur, Lacatus élimine Fabien Barthez et réduit le score dans le but vide. La France ne mène plus que par deux buts à un. Les Roumains vont alors pousser pour tenter d’égaliser mais la défense française tient bon. Et cela crée des espaces pour les Tricolores. Espaces que vont bien profiter les français. A un quart d’heure de la fin, Mickael Madar récupère un ballon sur le côté gauche et semble temporiser. Zidane, démarqué dans l’axe du terrain, appelle le ballon. Madar lui donne. Zidane contrôle le ballon et le laisse rebondir trois fois puis frappe fort. Le cuir va tout droit dans la lucarne du but gardé par Stelea. Les Bleus reprennent deux buts d’avance et réduisent à néant les espoirs roumains de revenir dans ce match. Plus rien ne sera marqué dans la rencontre et les Bleus s’imposent trois buts à un sur les terres roumaines. Les Bleus reviennent à un point seulement de la Roumanie et la deuxième place est quasiment assurée. La Slovaquie est troisième avec 14 points, la France deuxième avec 17 points mais la différence de buts est largement en faveur des Bleus (+18 pour la France ; -2 pour la Slovaquie). Sauf énorme catastrophe, les Bleus devraient terminer deuxième du groupe.
Les Bleus qualifiés ?
Cependant, un dernier objectif doit être atteint : éviter le match de barrage. Un match à distance se joue entre la France, les Pays-Bas et l’Irlande. L’une de ces deux dernières équipes peut entraver la route de la phase finale aux Bleus, en cas de mauvais résultats contre Israel, au Stade Michel d’Ornano de Caen. Pour assurer le coup, il suffit aux Bleus de remporter le match et prendre les trois points de la victoire. Pendant ce temps là , les Pays-Bas accueillent la Norvège et l’Irlande se rend au Portugal. Les Pays-Bas doivent impérativement gagner pour accéder à la deuxième place. Une victoire des Irlandais contre le Portugal assurerait la deuxième place, à condition de ne pas prendre une valise et que l’Irlande du Nord ne corrige pas l’Autriche.
Mais à vrai dire, les Bleus n’auront pas besoin de sortir la règle à calculer puisqu’ils vont tranquillement battre l’équipe d’Israel sur le score de deux buts à zéro, grâce à des buts inscrits par Youri Djorkaeff et Bixente Lizarazu. La victoire des Pays-Bas (3-0 contre la Norvège) n’aura pas permis d’entraver la route des Bleus vers l’Angleterre. Pour l’anecdote, l’Irlande a sévèrement été battue par le Portugal (3-0) et a bien failli perdre sa deuxième place puisque l’Irlande du Nord a battu l’Autriche (5-3). Un but de moins encaissé par les Irlandais du Nord et la République d’Irlande n’aurait même pas vu le match de barrage.
Les Bleus se qualifient donc pour la phase finale du Championnat d’Europe 1996, en Angleterre. L’équipe de France se hissera jusqu’en demi-finale, éliminée par la République Tchèque (0-0 ; 5 tab 6).